La pénurie de chauffeurs : un phénomène national et international
Selon le dernier rapport publié par l’IRU (Union Internationale des Transports Routiers) en juin 2022, la pénurie de chauffeurs dans le monde se poursuit. La situation devient même alarmante avec plus de 2,6 millions d’emplois de chauffeurs routiers non pourvus en 2021 au niveau mondial. Plus de 400 000 d’entre eux sont répertoriés en Europe, dont 50 000 en France. Alors qu’on estime le rythme de création d’emplois de chauffeurs à 10 000 par an, les experts prévoient une hausse du nombre de postes de chauffeurs routiers vacants en Europe à 2 millions d’ici 2026.
La pénurie de chauffeurs ne concerne pas uniquement la France. En Espagne, elle atteint un taux de 10,2% en 2021. En Allemagne, le nombre de postes de chauffeurs routiers non pourvus s’élève à 65 000 contre 70 000 en Roumanie et 100 000 au Royaume-Uni. En Chine, le nombre de postes de chauffeurs routiers vacants s’élève à 1,8 million.
D’après les prévisions, la situation de pénurie de chauffeurs qualifiés devrait encore augmenter de 40% dans les années à venir à cause de conditions démographiques défavorables. En effet, seuls 7% des chauffeurs ont moins de 25 ans et 3% des femmes. En parallèle, il y a aussi des départs en retraite massifs à cause du vieillissement de la main d’œuvre. Ceci entraîne un déséquilibre entre les nouveaux arrivants et les partants à la retraite, d’où le déficit.
C’est à cause de cette situation que 53% des entreprises ont aujourd’hui des difficultés à recruter des chauffeurs, des caristes ou des opérateurs logistiques. Pour y faire face, elles doivent trouver des solutions pour améliorer les conditions de travail de leurs chauffeurs en termes de sécurité et de confort.
Pourquoi manque-t-il de chauffeurs qualifiés en France ?
Différents facteurs sont à l’origine de la pénurie de chauffeurs dans le monde, et en France en particulier :
Le vieillissement de la main d’oeuvre
L’une des principales causes du manque de chauffeurs routiers est le vieillissement de la main-d’œuvre. Avec une moyenne de 50 à 57 ans, on a aujourd’hui une pyramide des âges vieillissante pour le métier de chauffeur. Il y a encore quelques années, ce métier attirait les jeunes qui aimaient voyager et apprécier l’autonomie et la solitude. Aujourd’hui, la dévalorisation de cette profession due à de nombreux prérequis fait que les jeunes ne s’y intéressent plus.
A ceci s’ajoute la grande vague de départs à la retraite des chauffeurs routiers. On recense 1 000 départs à la retraite par an. Or, l’offre d’emploi ne cesse de croître à cause de l’explosion de l’e-commerce. La demande en transport n’a jamais été aussi importante ! La situation déficitaire est donc tout à fait normale.
Le manque d’attractivité du métier auprès des jeunes
Présumé pénible, le métier de chauffeur présente de nombreux inconvénients aux yeux des jeunes. Parmi ceux-ci, on peut citer l’obligation de s’absenter trop longtemps du domicile. Si le découcher était perçu comme un atout autrefois (possibilité de voyager et d’obtenir un salaire plus intéressant), c’est aujourd’hui l’un des points faibles de ce métier. Les jeunes préfèrent se tourner vers des métiers qui leur permettent de rentrer chez eux chaque soir et d’avoir un bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
Le manque de formation pour les employés
Il y a aussi la nécessité de suivre une formation exigeante et d’obtenir une licence pour exercer le métier. Les nouvelles réglementations exigent des chauffeurs plus qualifiés. La sélection par les employeurs devient alors plus rigoureuse. Or, pour suivre ces formations et passer l’examen, il faut débourser une certaine somme d’argent. Un coût que tous les jeunes ne sont pas prêts à payer. Tous ces prérequis, ajoutés à la baisse de la popularité du métier de chauffeur, ont fini par décourager les nouvelles générations.
Une image ternie
Ces dernières années, le métier de chauffeur a souffert d’une image ternie. Les camions sont souvent pointés du doigt à cause des bruits qu’ils font, de la pollution qu’ils provoquent ou des désagréments qu’ils causent (blocage dans les villes). Les jeunes recherchent un emploi qui soit plus en accord avec les nouveaux engagements sociétaux et environnementaux.
Un secteur qui peine à innover
Par rapport à d’autres secteurs d’activités, le transport est un secteur qui peine à innover. Ce n’est que dernièrement que les entreprises du transport se sont tournées vers les nouvelles technologies pour améliorer les conditions de travail des chauffeurs en matière de sécurité et de confort. Parmi elles, on peut citer l’utilisation de GPS, de régulateur de vitesse ou d’un logiciel TMS qui permet d’automatiser et optimiser les différentes étapes du transport. L’apport des nouvelles technologies, par le biais de l’utilisation d’outils collaboratifs comme Dispatch, fait partie des réponses à la problématique du manque de chauffeurs qualifiés. En effet, la technologie et l’innovation pourraient être la clé pour attirer davantage de jeunes dans ce secteur.
Des conditions de travail qui manquent d’attrait
S’il y a une raison à évoquer en premier face à la pénurie de chauffeurs en France, ce sont les conditions d’exercice du métier qui manquent d’attrait. Parmi elles, on peut citer le salaire trop bas. Le salaire des chauffeurs n’est plus aussi intéressant et valorisant qu’auparavant. Si l’on tient compte des difficultés pour exercer ce métier (horaires décalés, haut niveau de responsabilité et de sécurité, métier physique… le salaire proposé n’est pas aussi intéressant. Celui-ci tourne autour de 1 600 € à 3 000 € par mois.
La crise du Covid-19
Bien sûr, la crise sanitaire que le monde a connue n’a pas arrangé les choses. Le Covid-19 a aussi joué un rôle dans la pénurie de chauffeurs en France. Les nombreux épisodes de confinement ont obligé les chauffeurs à réduire ou suspendre leurs activités. Certains d’entre eux ont donc quitté le secteur. Ils ont profité de la situation pour se reconvertir et se lancer dans l’auto-entreprenariat où ils seront plus maîtres de leur temps.
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Les différentes solutions pour pallier le manque de chauffeurs qualifiés
La hausse des postes de chauffeurs non pourvus pourrait avoir de fortes répercussions sur l’économie mondiale, l’activité de l’entreprise en général, et le bon fonctionnement de la supply chain en particulier. Pour pallier le problème, des solutions doivent être trouvées sur le long, moyen et court terme.
Le gouvernement et l’UE : un rôle à jouer dans la lutte contre la pénurie de chauffeurs qualifiés
Face à la pénurie de chauffeurs dans le monde, les grandes institutions et les gouvernements ont un rôle à jouer. Ils doivent notamment contribuer à revaloriser l’image du secteur et le redynamiser à travers différentes actions.
Parmi elles figure la mise en place d’un système collectif qui vise à moderniser le métier. Les réglementations doivent soutenir, et non pénaliser, les conducteurs en rendant leurs tâches plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. L’un des sujets marquants à ce propos est le chargement et le déchargement. La conduite ne représenterait que 30 à 40% du temps de travail d’un chauffeur de poids lourds. La manutention occupe tout le reste.
Une autre action à prioriser est la réalisation de campagne de revalorisation du métier. Celle-ci vise à convaincre les jeunes que le métier de chauffeur n’est pas aussi contraignant qu’ils ne le pensent. C’est un métier valorisant, bien payé et équitable. Pour y arriver, une révision des conditions d’exercice ou d’accès au métier s’impose bien évidemment, comme le contrôle et la limitation du temps de travail réel et la formation obligatoire à la sécurité.
Des plans d’actions doivent être mis en place par le gouvernement pour concrétiser ces actions.
Tout se joue aussi au niveau des employeurs (amélioration des conditions de travail, augmentation des salaires…)
Bien sûr, pour espérer une amélioration de la situation, les employeurs doivent également fournir des efforts en ce sens. De nombreuses solutions peuvent être mises en place pour réparer la situation :
Revaloriser les conditions de travail
Pour lutter contre la pénurie de chauffeurs routiers, il faut commencer par revaloriser les conditions de travail. Rendre les conditions d’exercice du métier plus agréables et moins pénibles est l’un des moyens d’attirer les jeunes à ce métier.
Plusieurs actions peuvent être mises en place en ce sens, comme la revalorisation des salaires, la sécurisation des aires de stationnement, la prévention contre le vol, la mise en place d’horaires fixes, etc.
L’augmentation des salaires est une solution efficace pour améliorer l’attractivité du métier de chauffeur routier. Néanmoins, elle n’est pas suffisante. Elle doit aller de pair avec une réflexion approfondie sur les autres problématiques inhérentes à la profession. L’instauration de primes incitatives peut aussi être envisagée, comme les primes longues distances, les primes d’ancienneté, les indemnités d’hébergement, les avantages sociaux, etc.
Les technologies jouent également un rôle essentiel dans l’amélioration des conditions de travail du chauffeur, en matière de confort et de sécurité. L’utilisation d’une application ou d’un logiciel spécialement conçu pour le pilotage des activités de transport permet au chauffeur de gagner en efficacité et du temps dans la réalisation de son travail.
Créer un sentiment d’appartenance
Améliorer les conditions de travail du chauffeur est une chose, mais un autre point est tout aussi important : l’intégration au sein de la société. Le chauffeur doit se sentir valorisé et intégré au sein de la société pour contribuer à sa performance. Pour y arriver, il doit connaître les enjeux financiers et environnementaux de cette première. La participation à des évènements internes ou la collaboration avec le département logistique fait partie des actions à mettre en place pour favoriser le sentiment d’appartenance des chauffeurs.
Revoir les méthodes de recrutement
Il n’existe pas pour l’heure de méthode de recrutement de chauffeur routier spécialement adaptée à la situation de pénurie. Il faut combiner un certain nombre de méthodes pour répondre au mieux à la problématique rencontrée. Parmi celles-ci, on pense notamment à la méthode de recrutement. La communication 100% digitale ne suffit pas. Il faut à la fois faire du marketing digital et physique : campagnes d’affichage dans les lieux stratégiques, campagnes sur les réseaux sociaux, événementiel…
La tendance du moment consiste également à mutualiser les forces pour le recrutement. Cela consiste notamment à faire appel à des agences et à des consultants et à collaborer avec plusieurs sociétés en vue d’échanges de bonnes pratiques pour maximiser les chances de recevoir des candidatures.
Il est aussi possible d’envisager le recrutement interne pour pallier le manque d’effectif. Mobiliser le personnel interne permet de pourvoir rapidement le poste et de maîtriser les coûts liés à la masse salariale.
Enfin, le CDI ne doit plus être considéré comme l’unique solution pour les relations contractuelles. Il faut rester attentif aux nouveaux critères revendiqués par les jeunes qui viennent d’arriver sur le marché. Le recours aux contrats de courte durée, comme l’interim, est de plus en plus adopté par les entreprises.
Améliorer la communication
Pour réparer la mauvaise image dont souffre le métier de chauffeur routier, il faut aussi mener des campagnes de communication positive. C’est l’un des moyens d’attirer à nouveau les jeunes vers ce métier. L’idée est de casser les clichés sur les comportements des chauffeurs routiers ou encore le fameux “découcher” en faisant de la communication positive sur les réseaux sociaux, en organisant des journées portes ouvertes, en participant à des forums métiers ou en réalisant des reportages sur les médias locaux.
Hormis la communication externe, il ne faut pas non plus négliger la communication interne. L’utilisation d’un logiciel de communication interne pour fluidifier les échanges peut réduire le stress des chauffeurs.
Faciliter l’accès à la formation
Pour lutter de manière durable contre le manque de chauffeurs, certaines entreprises n’hésitent pas à mobiliser des moyens financiers pour créer leur propre centre de formation afin de former les nouvelles recrues. D’autres entreprises proposent également de financer la formation de leurs employés en logistique ou au permis.
Revoir les méthodes de management
Alors que les jeunes se montrent de plus en plus exigeants sur les conditions de travail des chauffeurs, certains employeurs tentent aujourd’hui de faire preuve de pragmatisme pour conserver leur effectif en revoyant leurs méthodes de management. C’est ainsi que beaucoup d’entreprises mettent aujourd’hui en place un système de management plus bienveillant et serein, une meilleure organisation des tournées ou des plannings plus adaptés aux contraintes pour fidéliser leur personnel.
L’utilisation des technologies pour lutter contre la pénurie de chauffeurs qualifiés
La technologie est en pleine expansion dans de nombreux secteurs industriels. Le secteur du transport n’échappe pas à la règle. L’introduction des outils digitaux conçus pour les chauffeurs contribue à améliorer les conditions d’exercice de ce métier. Le déploiement de logiciels de pilotage des activités de transport, à l’instar de Dispatch, et la mise à disposition de tablettes ou smartphones pour traiter les documents liés au transport ou contrôler la conformité des marchandises au moment de la livraison apportent un gain de temps réel aux chauffeurs. Ils leur permettent également de se protéger d’éventuels litiges grâce à une meilleure traçabilité des informations.
Enfin, l’utilisation d’un logiciel de transport permet également de calculer le temps de travail exact en temps réel et d’accélérer la facturation.
Comment Eureka Technology se positionne dans la lutte contre la pénurie de chauffeurs qualifiés ?
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